A travers les siècles, nombreux furent les artistes qui vécurent de leur pinceau...  [1]

Tous ont appartenu à une période donnée, laquelle a eu son histoire, ses événement, ses modes de vie, ses tendances.

La peinture a évolué au gré de ces variations, et l’on peut déterminer plusieurs mouvements principaux.

La liste ci-après est loin d’être exhaustive, mais elle regroupe les plus importants d’entre eux :

 Renaissance

XIVe siècle au début du XVIIe siècle

 [2]

Le mouvement culturel et artistique de la Renaissance s’étend environ du XIVe siècle au début du XVIIe siècle, avec pour origine l’Italie centrale avant de s’étendre à travers toute l’Europe.
D’abord italienne, la Renaissance devient rapidement française puis européenne.

Entre le Moyen Age et l’époque classique, la Renaissance se démarque par une profonde remise en question de l’héritage intellectuel, culturel et artistique des siècles précédents.

On distingue différentes périodes successives de la Renaissance, à savoir le Trecento (primitifs italiens au XIVe siècle parmi lesquels figure Botticelli), le Quattrocento (XVe siècle) et le Cinquecento (XVIe siècle).

Les grandes avancées de cette école sont avant tout à chercher dans les domaines de la perspective et des proportions, la conception nouvelle du portrait comme représentation de l’individu et les débuts du paysage. Au niveau artistique, la voie priviliégiée est celle du « naturel », d’une représentation destinée à la profonde « compréhension de la nature ».

Les artistes liés au style de la renaissance sont fort nombreux, à commencer par les italiens tels Leonard de Vinci, Michaelangelo, Raphael, Fra Angelico et tant d’autres qui ont fleuri l’ensemble du XVIè siècle.

 Baroque

1580 à 1670

 [3]

Les origines du mot « baroque » sont incertaines. Il proviendrait peut-être du portugais barrocco, qui signifie « perle de forme irrégulière ».

Dès la fin du XVIIIe siècle, le terme « baroque » entre dans la terminologie des critiques d’art pour désigner des formes brisées s’opposant à la proportionnalité renaissante (voir Renaissance), comme aux normes antiques reprises par la tendance dite « classique » de la fin du XVIIe siècle, à savoir proportion, harmonie, équilibre et symétrie.
Certains historiens d’art, comme Jakob Burckahrdt, ont considéré le baroque comme l’expression décadente de l’art renaissant, jusqu’à Heinrich Wölfflin, son disciple, qui a constaté le premier, dans ses Principes fondamentaux de l’histoire de l’art (1915), les différences entre l’art du XVIe siècle et celui du XVIIe siècle, sans toutefois pouvoir catégoriser ces changements.

L’art baroque comprend de nombreuses distinctions régionales et recouvre des réalités sociales diverses.
L’historiographie récente le reconsidère en l’abordant comme un outil d’expression formel. Elle associe l’art baroque et l’art classique en faisant de la première forme expressive le refoulé de la seconde, et catégorise le tout par le terme de « baroque ».

Ainsi, le baroque apparaît comme une relation complexe d’association et de répulsion de deux contraires, relation qui se fonde sur un principe dit d’ordre convergent. On opérera un sous-classement ; ainsi, pour définir le baroque allant de 1590 à 1650, parlera-t-on de « plein-baroque » ou de « baroque primitif », et de « classicisme » pour désigner le baroque des années 1650-1750.

Les principaux chefs de file du mouvement baroque sont Rembrandt (Hollande), Rubens (Flandres) ou encore Andrea Pozzo (Italie) sans oublier Vermeer même si ce dernier est parfois classé dans les artistes « classiques » par la tradition .

 Classicisme

1650-1760

 [4]

La peinture classique choisit les sujets nobles et de préférence inspirés de l’antiquité ou de la mythologie gréco-latine : la composition et le dessin doivent primer sur la couleur, le concept sur la séduction des sens.
C’est en quelques sorte un retour au sources après la période baroque.

Les représentants les plus éminents de la peinture de l’époque classique (1650 - 1750) sont Nicolas Poussin, Philippe de Champaigne, Claude Gelée (dit Le Lorrain), Charles Le Brun.

Il faut souligner que, si le classicisme est défini en général comme un art dépendant de la volonté absolutiste, les premiers maîtres reconnus du classicisme dans la sphère picturale sont atypiques : Nicolas Poussin et Claude Gelée, dit le Lorrain, ont fait carrière à Rome, quant à Philippe de Champaigne, s’il fut sous Louis XIII et la Régence un peintre proche du pouvoir, son rapprochement du jansénisme persécuté par Louis XIV l’éloigne, à la fin de sa vie, et du souverain et de l’Académie.

 Rococo

1740-1800

 [5]

Après le déclin du mouvement baroque dans la seconde moitié du XVIIIe siècle naît le rococo, principalement en France.

A titre de réaction dace au baroque imposé par Louis XIV, le rococo danse, joue, chante et s’exalte.
De délicats mélanges de roses, verts et jaunes furent mis en exergue dans des compositions frivoles et d’une surprenante légèreté, rejetant la symétrie et estompant les lignes droites.
La grande peinture décorative disparaît au profit de la peinture de chevalet, où la couleur reprend ses droits.

Le terme rococo lui-même (qui entra en usage en 1730) est dérivé du mot « rocaille » provenant des ornementations imitant les rochers et les pierres naturelles.

Parmi les artistes les plus représentatifs de cette période, on peut citer François Boucher, Jean-Antoine Watteau et Jean- Baptiste Tiepolo. Le style rococo disparut totalement avec la Révolution française en 1789, laissant alors la place au style néoclassique.

 Néo-classicisme

1770-1830

 [6]

Le Néo-classicisme apparaît dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, puisant notamment ses inspirations de la légendaire Rome antique et se basant sur de sérieuses études archéologiques.

Rejetant le rococo devenu symbole de l’aristocratie, les néo-classiques aboutissent à la rigueur du style Empire. Ils condamnent sans appel les écarts et dépravations dont fait preuve la société de l’époque.

Le collorisme et les formes complexes sont remplacés par une recherche de perfection et de vertu, les artistes allant jusqu’à modifier la nature pour la rendre davantage parfaite.
Les allégories ou autres figures mythologiques reflétant de nobles sujets ont le vent en poupe.

Ingres, David, et Gros sont les principaux peintres de ce mouvement qui s’étend à peu près de 1760 à 1830.
Le style néo-classique s’étendra dans toute l’Europe avec les conquêtes napoléoniennes, touchant même les Etats-Unis.

 Romantisme

1800-1880

 [7]

Apparu tout d’abord dans la littérature vers la fin du XVIIIe siècle en Angleterre (Constable), le romantisme s’étendra sur toute l’Europe durant le XIXe siècle.

Le mouvement romantique se base sur le rejet du rationalisme et du classicisme, s’affranchissant de l’étroite réalité et du froid bon sens.
On y préfère l’atmosphère propice aux rêves que l’on trouve dans les romans, on aspire plus à l’idéal, aux sentiments, à l’exotisme, au mystère et à l’imagination qu’à la morne existence journalière.
On recherche la communion avec la nature avec son aspect sauvage et parfois mystérieux.
La couleur y acquiert un côté symbolique, le but étant d’exprimer, par la suggestion, des sentiments intenses, mystiques.

On retrouvera toutes ces valeurs dans la littérature, la peinture et la musique.
Pour l’école française, les élèves du peintre David seront les grands acteurs de ce mouvement, à commencer par Géricault, Delacroix, Gros et Blake.

 Réalisme

1850-1890

 [8]

Tout comme en littérature, le réalisme a été le mouvement dominant en art pendant la seconde moitié du XIXe.
Le mouvement est apparu d’abord en peinture vers 1830 et en littérature entre 1840 et 1890.

Le concept de réalisme en peinture a probablement intéressé Champfleury qui exigeait du romancier « la sincérité dans l’art ».
Le réalisme s’est donc exprimé par un souci de « coller au vrai » à travers un travail d’expression, de structure, en un mot la stylisation. Il s’agit de rendre réel les scènes de la vie courante.

Champfleury, dans Le Réalisme (1857) écrit : “La reproduction exacte, complète, sincère du milieu où l’on vit, parce qu’une telle direction d’études est justifiée par la raison, les besoins de l’intelligence et l’intérêt du public, et qu’elle est exempte de mensonges, de toute tricherie.

Pour ce faire la méthode sera scientifique. Elle s’inspire du positivisme d’Auguste Comte : la réalité est basée sur les faits observés.
Donc pour des auteurs comme Balzac, Maupassant, on aura une étude du milieu, une observation psychologique des personnages, voir clinique chez Maupassant (Le Horla).

Parmi les plus grands peintres réalistes, on peut citer Gustave Courbet, Honoré Daumier, Jean-François Millet.

 Symbolisme

1860-1890

 [9]

Réagissant contre le scientisme, les symbolistes considèrent que le monde n’est pas réductible à la matière.
A travers une esthétique de la suggestion, ils décrivent les signes et les symboles visibles d’un monde mystérieux.
Il s’agit plus d’une philosophie que d’un mouvement réel, introduisant mythes et visions oniriques dans l’art.
Son principal objectif n’est ainsi pas de figurer le réel immédiat et visible.

Cette période du symbolisme se situe dans les dernières années du XIXe siècle (entre 1860 et 1890), Jean Moréas officialisant ce terme en 1886.
On considère « L’art poétique » de Verlaine comme texte fondateur.

Paul Verlaine, Rimbaud et Stéphane Mallarmé en furent les principaux chefs de file en poésie et littérature, tout comme Gustave Moreau et Klimt dans l’art de la peinture.

 Impressionnisme

1870-1910

 [10]

Le terme Impressionnisme a pour origine l’anecdote suivante : “Ils le prirent, pour relever une injure qui leur était adressée par leurs détracteurs et dont ils se firent leur titre de gloire, comme les révoltés des Pays-Bas s’en firent un de l’injure de « gueux ».

Au-delà de cette explication, les peintres rattachés à l’impressionnisme avaient une manière particulière de percevoir la nature, non pas en essayant de rendre parfaitement ce qui est vu par l’œil tel un appareil photo, mais en mettant en exergue la surprise qu’elle suscite et son rayonnement.
Les impressionnistes ne se préoccupaient ainsi point de nous donner les détails, préférant à ceux-ci l’impression elle-même.

La part issue de la sensation de l’artiste est de ce fait prépondérante.
Les repères traditionnels (ombres, contours précis, lignes arrêtées, etc.) disparaissent ainsi, ce qui eu pour conséquence de déconcerter passablement le public d’alors qui ne se priva point de dénigrer ces « impressionnistes ».

La part des couleurs revêt quant à elle aussi une importance toute particulière, le peintre cherchant à les rendre aussi riches et vibrantes que possible en les appliquant par couches juxtaposées.
Ils mirent ainsi de côté les ombres traditionnelles, se mettant tous à peindre à l’extérieur, face aux couleurs vives et chatoyantes des paysages qui s’offraient à leur vue.
On assista ainsi à des colorations inconnues jusqu’alors dans la peinture, rendant la nature d’une manière que l’on était pas habitué à la percevoir, s’attachant à l’impression que produisaient les éléments, le vent, la lumière, le brouillard, la neige,...

Parmi les principaux artistes qui s’attachèrent à l’impressionnisme, l’on peut citer sans hésitation Monet, Manet, Renoir, Cézanne, Pissaro ou encore Sisley.

 Naturalisme

1880-1900

 [11]

Le mouvement artistique naturaliste est une école littéraire et artistique du XIXe siècle qui visait à reproduire la réalité objective.

Fortement lié à Emile Zola qui est le théoricien de cette école, le naturalisme est un réel système d’analyse et d’explication de la nature, cherchant et montrant la vérité. Les écrivains veulent alors rivaliser avec la science pour décrire toute la nature humaine.

Plusieurs peintres furent influencés par cette école en illustrant les tendances naturalistes, vie paysanne, travaux pénibles, lesquelles se développèrent fortement en France entre 1880 et 1890 avec notamment Cormon, L’Hermitte ou Bastien-Lepage.

 Cubisme

1900-1920

 [12]

Mouvement artistique employant des nouveaux modes de construction plastique.

Les représentations issues de la Renaissance sont maintenant choses du passé. Les œuvres frôlent parfois l’abstraction.
Il s’agit d’une école de peinture autour de Pablo Picasso et Georges Braque, qui proposent de décomposer les objets en couleurs et éléments géométriques simples (cônes, cylindres, et cubes), révolutionnant l’approche du monde visible.

Ce mouvement artistique tient le haut de l’affiche entre 1900 et 1914, début de la première guerre mondiale. On peut distinguer trois phases majeurs jalonnant ce mouvement, à savoir la période Cézanienne (entre 1907 et 1909), le cubisme analytique (1909-1912) et le cubisme synthétique (1912 à 1914).

 Expressionnisme

1910-1940

 [13]

Débutant lors des années de dépression et jusqu’à l’explosion de la seconde guerre mondiale, l’Expressionnisme véhicule des sentiments d’angoisse et des craintes de violence engendrées à cette époque par le continent européen.

L’origine de la mention d’expressionnisme remonte au début du XXe siècle, vers 1910.
Ce mouvement a comme principal précurseur Vincent Van Gogh, même si ce dernier est mort avant cette période proprement dite et que ces œuvres soient considérées comme appartenant à l’école impressionniste.

L’expressionnisme est avant tout l’art de l’émotion, s’attachant à décrire le monde extérieur dans un langage plus émotionnel que plastique.
Vers 1906, un groupe d’artiste connu sous le nom de « Die Brücke » (Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel, Karl Schmidt-Rottluff, Max Pechstein) s’employa à développer l’expressionnisme sous l’influence de Van Gogh.
Leurs œuvres dépeignaient avant tout l’inquiétude, les souffrances de l’être humain et le mal de vivre.

Une seconde composante de l’expressionnisme allemand sous la forme du groupe « Der Blaue Reiter » s’attacha davantage à la spiritualisation et à l’abstraction des formes, ayant pour chef de file Kandinski.

 Surréalisme

1920-1970

 [14]

Le mouvement « Surréaliste » date de 1924, juste après la première guerre mondiale, année lors de laquelle André Breton publia son « Manifeste au surréalisme ».

Cette école a pour particularité de faire appel avant tout au rêve, à l’imaginaire, à la folie et à l’inconscient de chacun.

La plupart du temps, un tableau surréaliste est une toile généralement figurative traduisant un rêve de son auteur, rompant ainsi avec le conformisme littéraire pour libérer le langage de toutes les entraves de la morale ou de la conscience.
Ce mouvement artistique lutte de ce fait contre les valeurs reçues, libérant l’artiste du contrôle de la raison : rien ne doit être calculé.

Il a d’abord touché les écrivains et poètes (Breton, Aragon, Eluard), avant de rallier cinéastes, photographes et peintres, tels Magritte, Ernst, Masson et Dali.

 Et aujourd’hui ?

de nos jours... et demain

 [15]

Toujours des travaux et des œuvres sur du papier et des matériaux classiques, mais avec des sujets beaucoup plus « actuels » et des préoccupations représentant les malaises de notre époque.

Et aussi beaucoup de productions avec des logiciels informatiques...

 [16]

Notes

[1] Portrait de “Ginevra de Benci”, Leonard de Vinci, vers 1478 / 1480, Huile et détrempe sur bois, 38,1 x 37 cm, National Gallery of Art à Washington.

[2] Détail de « Crucifixion », Pietro LORENZETTI, 1320, Fresco Lower Church, San Francesco.

[3] « Allégorie des quatre saisons », Manfredi Bartolomo.

[4] « Autoportrait », Nicolas de Largillierre, Charles le Brun, 1686, 232 x 187 cm, Musée du Louvre, Département des Peintures, Paris

[5] « Madame Marsollier et sa fille », Nattier Jean-Marc, 1749, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art, New York.

[6] « Paris et Helène », David.

[7] « La Liberté guidant le Peuple », Eugène Delacroix, 1830, Huile sur toile 260 x 325 cm, Musée du Louvre Paris.

[8] « The Horse Fair », Rosa Bonheur, 1853, Oil on canvas, 8 1/4 ft x 16 ft 7 1/2 in, Metropolitan Museum of Art, New York.

[9] « L’Apparition », Gustave Moreau, 1876, Aquarelle 106 x 72.2, signée en bas à gauche en lettres d’or, Musée du Louvre, département des arts graphiques.

[10] « Falaises de Barangeville », Monet .

[11] « La paie des moissonneurs », Léon Lhermitte.

[12] « Stilleben mit Fruchtschale und Mandoline », Juan Gris, 1919, 92 x 65 cm, Galerie Beyeler, Basel, Deutschland.

[13] « Scornful Woman », Egon Schiele, 1910.

[14] « Galatée aux sphères », Salvador Dali, 1952

[15] « Incubus », Jason Freeny, graphite sur velain.

[16] « Tonka takes a holiday », Jason Freeny, photoshop, 2008.