JPEG - 44 ko

Il y a de cela quelques années pendant mes vacances en automne, je me suis assis sur un banc à l’entrée d’une ville que je venais de visiter.

À quelques mètres était assis un vieil homme, seul.

Un jeune homme s’approcha de lui et demanda : « Je ne suis pas d’ici, je viens de loin, dites-moi, comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? »

Au lieu de lui répondre, le vieillard lui renvoie la question : « Et dans la ville d’où tu viens, comment les gens étaient-ils donc ? »

Le jeune homme aussitôt, plein de hargne : « Égoïstes et méchants, au point qu’il m’était impossible de les supporter plus longtemps. C’est pourquoi j’ai préféré partir. »

Le vieillard : « Mon pauvre ami, je te conseille de passer ton chemin, les gens d’ici sont tout aussi méchants et tout aussi égoïstes. »

Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approche du même vieillard : « Bonjour. Je débarque en ces lieux, pouvez-vous me dire comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? »

Et le vieil homme de le questionner à son tour : « Dis-moi d’abord, là d’où tu viens, comment les gens étaient-ils ? »

Le jeune homme, dans un grand élan : « Honnêtes, bons et accueillants. Je n’avais que des amis, oh que j’ai eu de peine à les quitter. »

Le vieillard : « Eh bien, ici également, tu ne trouveras que des gens honnêtes, accueillants et pleins de bonté. »

J’avais tout entendu, et je ne puis m’empêcher de le questionner : « Comment est-ce possible de donner, à la même question, deux réponses aussi diamétralement opposées ? Vous moquiez-vous de ces garçons ? »

« Mon fils, déclara le vieil homme, chacun porte en son cœur son propre univers et le retrouvera en tous lieux. Ouvre ton cœur, et ton regard sur les autres et sur le monde sera changé. »

Et il me racontas alors l’histoire d’un menuisier qu’il avait connu.

Un menuisier arriva à l’âge de la retraite, et il informe alors son employeur de son intention de quitter le monde de la construction afin de passer le reste de sa vie paisiblement avec son épouse. Son employeur fut très déçu de devoir laisser partir un si bon compagnon, et il lui demanda comme faveur personnelle de construire juste une toute dernière maison. Le menuisier accepta, mais cette fois il était facile de voir que son cœur n’était pas à l’ouvrage. Il accomplit un travail médiocre et utilisa des matériaux de qualité inférieure.

Quand le menuisier eut terminé la maison, son employeur arriva et en fit l’inspection puis il présenta la clé de cette maison au menuisier en disant : « Cette maison est la tienne, c’est mon cadeau pour toi ».

Le menuisier était si triste, quelle honte. Si seulement il avait su qu’il construisait sa propre maison, il aurait tout fait si différemment. Il en est de même pour nous, dans notre vie. Nous la construisons malheureusement trop souvent avec insouciance. Un moment donné, avec étonnement, nous réalisons que nous devons vivre dans la maison que l’on s’est construite.

S’il nous était possible de recommencer, nous aurions fait différemment nous aussi mais nous ne pouvons faire de retour en arrière. Nous sommes les artisans de cette maison qu’est notre vie. Chaque jour nous enfonçons un clou, plaçons une planche, érigeons un mur. La vie est un projet de tous les instants.

C’est par notre attitude et nos choix d’aujourd’hui que nous construisons la maison que nous allons habiter demain et pour le reste de notre vie. Alors pourquoi ne pas la construire avec sagesse ?