Le téléphone sonna.
Une longue et stridente sonnerie vrillant l’air.
Il posa sa main sur le vieux combiné noir.

C’était un vieux téléphone des années cinquante, un appareil à cadran qui cliquetait lorsqu’on l’actionnait pour composer un numéro. Il n’avait jamais eu le goût pour le modernisme, et dans toute cette technologie Il préférait encore l’esthétisme des anciens temps, où l’on construisait encore pour durer, pas pour s’autodétruire au bout d’un certain laps de temps.

Aujourd’hui, la forme primait sur le fond, donnant bien plus d’importance au design des objets qu’à leur réelles fonctionnalités. C’était devenu une société d’apparence. Il fallait tout faire pour montrer aux autres les accessoires qui nous permettaient d’être.
Les vêtements, les voitures, les objets, les animaux eux-même étaient devenus des faire-valoir pour leurs propriétaires.
Bientôt ce serait le tour des enfants, si ça n’était pas déjà le cas...

A vrai dire, Il n’appréciait pas la technologie et cette société moderne parce qu’elle risquait à long terme de remplacer par des accessoires ce qu’il y avait de plus précieux... la Magie.

L’Homme, dans sa quête du savoir ultime et de la modernisation incessante, remplace la Magie naturelle d’autrefois par une magie éphémère qu’il crée de toutes pièces, au péril de son humanité.

Il ne décrocha pas.
Le silence revint, apaisant.

P.-S.

Inspiré de Maxime Chattam « Le 5e règne » - 2003 - ISBN 978-2-266-14377-6
Image provenant du storyboard de « Le supplice de Tantale » / Pascal Thiebaux (http://www.zeilt.com/site_book/page...)